December 6, 2017

Drew Struzan, icône de l'affiche de film


Hello ! Après deux ans d'absence (trop de travail, un déménagement...), me revoilà ! Pour combien de temps, difficile à dire ! Quoi qu'il en soit, depuis 2015, ma petite collection d'originaux a continué d'évoluer, petit à petit. Des pièces sont parties, d'autres sont arrivées. Plusieurs raisons à cela: mes goûts évoluent, et j'essaye de recentrer ma collection sur quelques originaux que j'apprécie vraiment plutôt que sur une multitude de pièces dont la majorité ne pourra que dormir dans des tiroirs, faute de place pour les afficher. N'hésitez donc pas à aller faire un tour sur les pages de ce blog où vous pourrez voir les illustrations originales et les cellulos/décors/dessins d'animation que j'ai à vendre.

L'article d'aujourd'hui traite du grand Drew Struzan, le fabuleux illustrateur américain à qui l'on doit, notamment, les affiches des films Retour vers le Futur, Star Wars et Indiana Jones (on précisera ça par la suite), bref, l'illustrateur star du cinéma hollywoodien des années 80 !
C'est la "règle" implicite de ce blog depuis le début: si je parle de Drew Struzan, c'est parce que je possède quelques-uns de ses originaux. Oh, bien sûr, je n'ai aucune de ses peintures d'affiches de films; elles sont clairement hors budget pour moi. Non, je parle de dessins préliminaires, qui sont déjà superbes, et très intéressants.
Dans cet article, je parlerai d'un seul des Struzan que j'ai. Non pas que les autres dessins soient inintéressants, loin de là, mais je les garde pour une prochaine fois !
Trêve de palabres: voici le dessin en question: 




Il s'agit d'un dessin préliminaire au crayon (le 3ème d'une série, si l'on en croit le numéro inscrit en bas à gauche, et j'adorerais voir les autres !) réalisé pour l'affiche du film Tall Tale (Les Légendes de l'Ouest, en version française), un film familial sorti par Disney en 1995, réalisé par Jeremiah Chechik, avec Patrick Swayze, Oliver Platt et Roger Aaron Brown dans les rôles principaux (acteurs qu'on retrouve bien sûr dans le dessin préparatoire). Le film n'ayant, je crois, rapporté qu'environ $12 000 000, pour un budget initial de $32 000 000, il semble avoir fait un four. Comme je ne l'ai pas vu, je ne me prononcerai pas sur sa qualité !

Revenons au dessin, avec quelques gros plans (cliquer sur les images pour les voir en plein écran):






Le talent de Struzan pour dessiner les portraits (reconnaissables) d'acteurs n'est plus à démontrer, et ce dessin en est un exemple supplémentaire. On reconnait parfaitement Patrick Swayze et ses deux acolytes. Certains polémiquent en disant que Struzan ne fait que "copier" des photos, ce qui est un faux argument, puisque la manière de procéder d'un artiste (sa "recette") importe peu, seul le résultat compte, encore plus lorsqu'il s'agit d'une commande. (Et les artistes ont toujours cherché des raccourcis pour s'aider. Dürer et son perspectographe, par exemple: http://laperspective.canalblog.com/archives/2009/02/19/12616564.html)
Là, le studio a commandé à Struzan des designs préparatoires pour l'affiche d'un film, à lui de faire ce qu'il estime être le plus efficace pour atteindre son objectif. Effectivement, on lui a très probablement fourni des photos du tournage avec les acteurs, images dont il a pu se servir pour composer et dessiner ses maquettes. Les dessins de Struzan étant particulièrement poussés et détaillés, il est logique qu'il ait recours à des références visuelles pour les acteurs. On peut d'ailleurs lire dans le livre "The Art of Drew Struzan" (dont je parlerai plus tard), qu'il s'est servi de photos de lui-même ou de membres de sa famille lors de la création de certaines affiches, car il n'avait pas de références suffisamment bonnes à disposition.
Pour en revenir à ce dessin, on peut aussi tout simplement admirer le sens de la composition de l'artiste, qui fait sortir le titre et les trois acteurs de la tornade créée en bas de l'image et qui les inscrit dans le cercle formé par le lasso que tient Swayze (l'acteur incarnant, dans ce film, Pecos Bill, un personnage folklorique de l'Ouest américain dont il est parfois dit qu'il se servait d'un serpent à sonnette comme lasso et qu'il chevauchait les tornades...). Un dessin parfaitement maitrisé, donc, et qui permet facilement d'imaginer à quoi pourrait ressembler le poster final.
Si le poster final avait été réalisé par Struzan, bien sûr.
Ce qui n'a pas été le cas.
Malheureusement.
Car voilà ce que Disney a choisi de faire, à la place:




Il n'y a pas grand chose à garder, dans ce photomontage. La tornade numérique bleue est plutôt vilaine, la vache (?) violette... est violette, l'incrustation des acteurs est complètement loupée (la lumière est totalement différente d'un personnage à l'autre ! Elle vient de la droite pour Patrick Swayze, et de la gauche pour la vache !). Quant à la typo du titre et du sous-titre... Pourquoi ? Ce n'est même pas une simple typo western, je ne sais pas trop ce qu'ils ont voulu faire.
Le photomontage reprend quelques éléments présents sur le dessin (la gestuelle de Swayze, la tornade, et le décor), mais peut-être se base-t-il aussi sur des éléments des autres dessins préliminaires créés par Struzan pour ce poster (le groupe de personnages doit probablement provenir d'un des autres concepts, par exemple). C'est pour ça qu'il serait aussi intéressant de voir les autres designs que l'artiste a imaginés.

Mais pour ce poster, Struzan n'est pas resté à l'étape des designs préliminaires: il a aussi peint une version finale. Je ne sais pas s'il la faite pour son propre plaisir (comme ça lui est parfois arrivé pour certains projets "tués" dans l'oeuf), ou si le studio la lui a commandée mais ne l'a finalement pas utilisée. La voici:






Dans cette version finale, on retrouve complètement les Patrick Swayze et Roger Aaron Brown de mon dessin préliminaire (la pose de Oliver Platt est un peu différente). En revanche, le premier plan composé de la locomotive et du personnage de droite est tout nouveau. Là aussi, c'était probablement une idée abordée dans un autre concept.
Il existe en tout cas un fossé entre cette peinture et le poster finalement sorti par Disney. Et c'est ce que je trouve aussi très intéressant dans ce dessin. Il témoigne (malheureusement) d'une époque qui touche à sa fin: la fin des affiches peintes, créées par des artistes talentueux, au profit de montages photo souvent loupés, parfois réussis (alors qu'il y a pourtant de nombreux artistes numériques doués !).
C'est un sujet qui se retrouve abordé à plusieurs reprises dans l'artbook de Struzan. Un livre que j'ai trouvé passionnant: plusieurs projets d'affiches de films sont commentés par l'artiste lui-même, avec de nombreux dessins préliminaires puis les versions finales peintes. Struzan parle aussi de sa carrière, de ses rapports avec les studios, et évoque avec nostalgie (et une flagrante déception) l'évolution de l'utilisation de la peinture dans l'affiche de film à Hollywood. Il n'y a qu'une sélection de ses œuvres, mais ce sont parmi ses plus belles. Je recommande vivement la lecture de cet ouvrage plein d'anecdotes très intéressantes !


Struzan, pour parler plus largement de l'artiste, est né en 1947 à Portland (Oregon) aux USA. Après avoir réalisé quelques pochettes d'albums (notamment pour Black Sabbath et Alice Cooper, l'illustration créée pour le Welcome to my Nightmare de ce dernier étant d'ailleurs un hommage très appuyé au style graphique de J. C. Leyendecker), Struzan se met à travailler pour l'industrie du cinéma qui apprécie son style très reconnaissable et qui deviendra emblématique du cinéma hollywoodien des années 80.
Parmi ses affiches les plus connues, on peut citer tous les posters Star Wars jusqu'à aujourd'hui (sauf les deux premiers qui ont été créés par Tom Jung et/ou Roger Kastel (c'est compliqué) mais Struzan a créé avec Charles White III les posters pour les re-release des films un an après leur sortie initiale).






A côté de ça, on lui doit aussi les posters des Indiana Jones (même si le tout premier est l’œuvre de Richard Amsel):


 



 The Thing, de John Carpenter:



Rambo First Blood:



Les Retour vers le Futur:






Les Goonies:


Les Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin:



Hook:


Harry Potter I:



Et de nombreux autres posters, tous pleins de qualités. En vrac: Hellboy, He-Man, Meatballs III, Les Muppets, Nadine, Pan's Labyrinth (Struzan est ami avec Guillermo del Toro), les Police Academy, The Flintstones, La Ligne Verte...):













Et quelques concepts préliminaires, là aussi en vrac, mais ils sont facilement identifiables:














Bref, après les années 50 et le fabuleux Reynold Brown (dont je parlerai certainement bientôt), les années 60 et le non moins génial Bob Peak, les années 80-90 auront connu elles aussi un artiste mythique en la personne de Drew Struzan, dont les œuvres sont rentrées sans nul doute au panthéon de la pop culture. 

Lien amazon pour la fiche du livre The Art of Drew Struzan.
Site officiel de Drew Struzan.

Les images de cet article ne sont pas libres de droit et appartiennent à leurs propriétaires respectifs.

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